SPECTACLE : "Pourquoi les vieux, qui n'ont rien à faire, traversent-ils au feu rouge ?"

Une création théâtrale originale qui propose un regard bienveillant sur le vieillissement.

« Pourquoi les vieux, qui n’ont rien à faire, traversent-ils au feu rouge ? » est un spectacle théâtral totalement original du Collectif 2222. Cette pièce nous invite à réfléchir autour de nos représentations du vieillissement et la place de la personne âgée dans la société. Loin des clichés, ce n’est pas un spectacle POUR ou SUR les « vieux » mais sur le fait de vieillir dans notre société moderne.

Dans ce spectacle vivant, 6 comédien(ne)s interprètent au total 14 personnages, et la troupe fait le pari d’une tranche de vie sur les seniors sans fausse pudeur. Les tabous touchant l’intimité des 3e et 4e âges sont abordés : la perte d’autonomie, les absences d’esprit, le décès de l’être cher, la sexualité, l’envie d’en finir… et le plaisir des sens. Tour à tour, les acteurs sont homme ou femme, soignant ou retraité, affublés de masques pour mieux faire s’exprimer les mains et les corps meurtris par le poids des années.

Paul COLOM, l’un des responsables artistiques du Collectif 2222, a accepté de répondre à nos questions afin de mieux connaître la genèse de ce projet.

 

ZeeBox : Comment avez-vous eu l’envie de faire un spectacle autour de l’univers des seniors ?
Paul COLOM : « Tout d’abord c’est venue de l’envie de Thylda Barès, la metteure en scène du spectacle. Elle voulait parler du fait de vieillir. On vieillit tous à chaque instant. 
Nous sommes aussi un collectif international. Vieillir est quelque chose d’universel, peut importe notre culture. C’était important de trouver du commun entre nous.
Il y avait aussi la volonté, de parler d’un endroit de survie. Qu’est ce que nous pousse à continuer ? Et qu’est ce qui se passe quand on a plus envie ?
Nous jouons aussi en espace publique.  Avec ce spectacle il y avait la volonté de donner la parole à ceux qu’on cache et de les remettre au centre de la place publique. 
Et d’aller aussi chercher des personnes qui ne vont pas nécessairement au théâtre.  Ce n’est pas un spectacle sur la critique de l’EHPAD par exemple. Nous voulions raconter l’histoire de ces personnes, de l’intime. Dans un endroit de survie. » 
ZeeBox : Comment vous êtes vous inspiré pour écrire la pièce ?
Paul COLOM :  « Nous sommes partis pendant 5 semaine dans l’EHPAD Topaze de Dozulé. C’était important que l’on puisse tous avoir une démarche de terrain. 
Nous répétions dans la salle de réunion. Dans cette salle il y avait une grande baie vitré qui donnait sur la salle à manger. Les résidents nous voyaient enfiler les demi-masques toute la journée, et on pouvait les voir vivre et évoluer dans l’espace, derrière cette vitre. Presque chaque jour, à la fin de la journée, nous ouvrions la porte de la salle, et présentions aux résidents les fruits de notre recherche. » 
ZeeBox : Avez-vous fait appel à des seniors pour trouver l’inspiration ?
Paul COLOM :  « Au tout début du travail, chaque comédien.ne.s à fait plusieurs masque en papier mâché. Dans le lot il y avait bien évidement nos grands parents. Thylda à beaucoup discuté avec son père. Ils ont une relation très fusionnel et c’était pour eux l’occasion de discuter du fait de vieillir. Pour ma part, avant la création, je suis parti 4 semaines dans un EHPAD ou j’ai pu suivre une psychométricienne dans son métier. J’y ai fait de très belle rencontre. C’est notamment la bas que j’ai vu une dizaine de petit.e.s vieux.vieilles joué au jeu du Qui-suis-je ? »
ZeeBox : Pourquoi avoir utilisé des masques plutôt que du maquillage ? 
Paul COLOM : « Les masques permettent de trouver une distance, un recul sur la situation. C’était indispensable pour s’emparer d’un tel sujet. Et puis nous sommes âgé de 25 à 39 ans dans le collectif. Il fallait donc trouver un traitement. Nous avons tous fait l’école de Théâtre Jacques Lecoq. C’est une école où le corps à une place prépondérante. C’était un challenge de chercher le corps et les dynamiques de personnes âgées. Tout en gardant quelque chose de théâtrale. » 
spectacle vieillissement
ZeeBox : Avez-vous pensé faire appel à des comédiens seniors ?
Paul COLOM : « Avant même d’avoir l’histoire, on savait que l’on voulait travailler avec les masques. À partir là, l’âge des comédien.ne.s importait peu. C’est une occasion qui ne sait pas présenté. Et puis, on ne voulait pas être dans un théâtre documentaire. Il y a aussi un aspect de troupe qui est très important pour nous, nous travaillons souvent ensemble depuis la sortie de l’école. »
ZeeBox :  A qui s’adresse ce spectacle ? Aux familles ? Aux seniors ? A tout le monde ?
Paul COLOM : « Ce spectacle est tout public. Il y a plusieurs niveau de lecture. Les plus jeunes ne voient pas ce que voient les adultes. Et inversement. Il y a d’ailleurs des ressemblance en entre l’âge de l’enfance et celui de la vieillesse.« 
ZeeBox : Quel est l’accueil auprès du public ? 
Paul COLOM : « Il est en général très bon. On est très preneur des retours du public, c’est un moment d’échange que l’on affectionne particulièrement. 
Ce qui est frappant avec ce spectacle c’est les récits intimes que viennent nous raconter les spectateurs. Ils se laissent aller à leur souvenirs. Ce sont des moments très fort. 
Par exemple, nous avons joué cette pièce au Portugal.  Après la représentation, un monsieur grand monsieur, costaud avec une barbe blanche fournie nous interpelle. Et dit « Gaston ? qui joue Gaston ? Avec les masques il est presque impossible de savoir qui joue qui. Je lève la main. Pas rassuré. Et la dans un mélange d’anglais et de portugais je comprends qu’il dit que, “Gaston, c’est mon père”. Et ses yeux se charge de larmes. Il me tape l’épaule comme on le ferait un vieil ami et puis s’en va. Ce moment à duré seulement quelques secondes, on ne parlait pas la même langue mais on s’est compris. »
ZeeBox :  Y’a-t-il des sujets que vous n’avez pas souhaité aborder ?
Paul COLOM : « Non il n’y pas eu de censure. Nous écrivons de manière collective, à partir d’improvisations au plateau. 
Et puis, la censure vient souvent de ce que l’on projette. Par exemple, dans le spectacle, il y a Marcel, qui pendant le temps calme, erre dans le couloir après s’être fait pipi dessus. 
La première fois que nous avons joué devant des résidents d’EHPAD, le comédien n’a pas « osé » sortir avec son pantalon baissé. Puis en discutant avec eux à la fin, l’une des spectatrices à dit « Pourquoi je serais choqué de voir ça ? Ça arrive. (En faisant un signe de la tête vers son ami). Plus à lui qu’a moi d’ailleurs. On peut en rire. Et on peut parler de la mort. Ce n’est pas tabou pour nous. C’est les autres qui ne veulent jamais en parler.  Moi on me dit « est ce que ça va, aujourd’hui ? » comme si demain ne m’était plus accessible. Ou on me dit, faut pas dire ça madame….” »
ZeeBox :  Evoquez-vous la relation des seniors avec la télévision et les nouvelles technologies ?
Paul COLOM : « Pendant un temps, notre technicienne, clémentine nous avait fabriqué une boite carré avec des LED dedans qui projetaient la lumière sur les visages (comme quand vous regardez la télévision qu’il fait un peu sombre.) Mais c’est quelque chose que l’on à pas utilisé. Dans notre maison de retraite il n’y a pas de télévision ! Juste une vieille radio… En revanche, Gaston, le petit dernier qui débarque dans la maison de retraite, à tout le temps son téléphone et il essaye de joindre sa fille. Il maitrise bien l’objet et en tire une immense fierté. » 
ZeeBox : Trouvez-vous que les seniors sont trop peu représentés dans l’univers du divertissement en général ?
Paul COLOM : « J’ai l’impression que les choses bougent un peu, mais effectivement la vieillesse est un thème qui peut faire peur. Et qui est souvent traité par des clichés. Alors que c’est un grand moment de la vie, extrêmement riche et qui nous rassemble tous et toutes. »
ZeeBox : Merci pour ces éclairages et tous nos voeux de réussite dans cette belle aventure !
Paul COLOM : « Merci à vous ! »
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« Pourquoi les vieux, qui n’ont rien à faire, traversent-ils au feu rouge ? »

L’histoire : Un matin dans une maison de retraite un petit vieux meurt. Un autre arrive. La routine. Les parties de cartes continuent, les exercices sportifs et les ateliers de mémoire aussi. Aujourd’hui on fête l’anniversaire de la centenaire.  Tous et toutes décrépissent, font semblant de se projeter, attendent qu’on les fasse vivre. Mais pour une petite vieille, cela n’est plus possible. Finita la commedia, elle n’a plus envie de jouer. Personnel soignant et camarades la rebranchent de force au quotidien.  La vie est sacrée que diable ! Peu importe, la petite dame, elle, veut toujours en finir.

Mise en scène : Thylda Barès (Franco-Brésilienne)

Production : Collectif 2222

Co-Production : C3 le Cube – Centre Culture Coeur de Nacre de Douvres-la-Délivrande – L’Odyssée – Scène Conventionnée de Périgueux – Théâtre Victor Hugo – Bagneux – Festival Éclat(s) de Rue – Caen – Le Silo – Essonne 

Avec le soutien de : La ville de Merville-Franceville /  Le Département du Calvados / La Région Normandie / L’Étincelle – Théâtre de la ville de Rouen / Théâtre de Fontenay-le-Fleury / La Petite Pierre – Gers / Le CCOUAC – Meuse / Théâtre de l’Unité / Odia Normandie / La CFPPA du Calvados avec le concours de la CNSA / Culture Santé / Hôpital Bretonneau (Paris) / EHPAD Topaze – Dozulé / EHPAD La Fontaine – Marly-le-Roi / Le Marche Pied

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